Les Contes de Mme D’Aulnoy : the world where No One dies ?

Marie-Agnès THIRARD

Univ. Lille, ULR 1061 - ALITHILA - Analyses Littéraires et Histoire de la Langue, F-59000 Lille, France

Résumé

La mort peut-elle être présente dans les contes merveilleux ? A priori le pays de la merveille pourrait échapper à la mort et se définir comme the world where no one dies. Un parcours dans les contes de Mme D’Aulnoy permet de répondre d’une manière plus nuancée. Rappelons que ces contes s’inscrivent dans le cadre de la mode des contes de fées qui règne à la fin du XVIIe siècle dans la littérature française et qu’ils sont destinés à des adultes lettrés avant d’être récupérés en littérature de jeunesse. Le premier récit qui lança cette mode, au cœur d’un roman L’histoire d’Hypolite, comte de Douglas est connu sous le titre de « l’île de Félicité ». Il relève bien du type 470B : le héros, rattrapé par le Temps, périt en quittant le royaume enchanté. Au sein même des deux recueils publiés par la conteuse la mort est bien présente : elle concerne souvent les coupables qui périssent de mort violente, mais on trouve aussi quelques massacres dignes des Saints Innocents. Cependant le héros apparaît souvent comme invincible et pouvant échapper à la mort. Or deux contes ne respectent pas cette règle : « Le Nain jaune » et « Le Mouton ». Dans le premier, les deux amants sont vaincus par les forces du mal et perdent la vie. Leur mort est cependant euphémisée car, tels Philémon et Baucis, ils sont métamorphosés en deux palmiers dont les branches s’entrelacent pour l’éternité.  « Le Mouton » qui est un conte de fiancé-animal pose davantage problème : la Bête abandonnée par la Belle ne retrouve pas forme humaine et périt lamentablement. Au pays de la merveille en cette fin du grand siècle, époque de crise profonde, la mort est donc bien présente.

Mots-clés : contes merveilleux, contes de fées, littérature française XVIIème siècle, littérature de jeunesse, mort.

Abstract 

Can death be present in wonderful tales ? At first glance, the land of wonder could escape death and be defined as « the world where nobody dies ». A journey through Mme d’Aulnoy’s tales allows us to answer in a more subtle way. Let’sbear in mind that the tales are in keeping with the framework of the fashion of fairy tales which prevailed at the end of the Seventeenth century in French literature and which were intended for learned readers before being taken over in youth littérature.The first tale which started that fashion in the core of a novel, Hypolite’s story, Earl of Douglas, is known under the title of « Felicity’s island ».It comes under the 470B type indeed : the hero, overtaken by time, dies while leaving the enchanted kingdom. Within two collections published by the stoty-writer, death is also present :  culprits who die of a violent death are concerned, but we also find some massacres worthy of the Holy Innocents. Yet the hero often appears as being invincible and able to escape death. Now, two tales don’t respect that rule : « The Yelow Dwarf » and « The Sheep ». In the former, the two lovers are defeated by the forces of evil and lose their lifes.indeed their deaths are euphemized because like Philemon and  Baucis they are transformed in two palm-trees, the branches of which are intertwined for all eternity. In the tale of « The Sheep », which is a tale of metamorphosis, the Beast died, abandoned by the Beauty without being transformed. In the land of wonder, at the end of the Great Century, an era of crisis, death is well present.

Keywords : wonders, fairy-tales, Seventeenth Century literature, youth literature, death.

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